Tout le principe des courses est quand  le spectacle est total, tout à la fois sportif et que mondain.

On s’y rend pour voir et  pour être vu, parce que l’on aime les chevaux mais aussi le chic.

Les courses hippiques sont une compétition, une loterie et un carrefour des élégances.

Et si l’engouement pour les courses gagne toutes les couches de la population, qu’importe !

La bourgeoisie de l’époque du début du siècle dernier occupe les tribunes et les loges, les petites gens, la pelouse.

Ainsi c’est bien de la haute bourgeoisie marseillaise, mêlant vieilles familles, nouvelles fortunes et nouveaux arrivants, notamment ceux issus de la communauté grecque a qui  l’on doit l’organisation des course dans la cité phocéenne.  

Réunis en différents cercles, ces jeunes bourgeois organisèrent à partir de 1860, les premières courses dans une propriété privée, La Barnière, et cette course fit grand bruit puisque son succès retentit jusqu’à Paris.

Le lieu, ensuite, du château Borely, propriété d’une riche famille de négociants marseillais, est considéré comme le plus bel endroit de Marseille avec un cadre de raffinement extrême, où sont organisées fêtes et réceptions. Rendez-vous incontournable de la haute société, Borély était bien devenu « l’endroit où il faut être vu »!

 Créée en 1897, la Société sportive de Marseille, qui est à la tête de l’hippodrome, se montra très active et déterminée à faire des courses marseillaises l’un des plus grands événements hippiques de province.

Devant le succès tout à la fois bourgeois et populaire des manifestations, le calendrier des courses ne cessera de s’étoffer allant jusqu’à atteindre 20 journées par an en 1898.

Le Grand Prix de Marseille, devient vite le rendez-vous incontournable des élégantes marseillaises.

A l’instar des hippodromes parisiens, baromètres de la mode, Longchamp et Chantilly, pour les modes de printemps, ou Auteuil pour celles de l’été, Borély présentait les tendances automne/hiver.

Ainsi, à chaque épreuve, les femmes à la dernière mode paradaient des tribunes au paddock au bras de cavaliers , admirées par le public de la pelouse.  

La guerre de 1870 ne porta guère préjudice à la bonne marche de l’hippodrome. On y organisera même des manifestations en plus des courses: corso fleuri, courses cyclistes….Le premier conflit mondial fut en revanche lourd de conséquences: l’hippodrome fut fermé de 1914 à 1919.

Depuis le tournant du siècle, Borely n’a de cesse de se moderniser. Très tôt considéré comme une course importante, le Grand Prix de Marseille attirait les plus grandes écuries, elles y envoyaient même des représentants disputer la palme aux cracks régionaux.  

La période de l’après-guerre fut celle de la consécration. Disputé à nouveau en 1920, le Grand Prix de Marseille devint une grande épreuve, l’une des plus dotées de province. Le succès de courses fut tel qu’en 1927 un second hippodrome ouvrit ses portes à Pont de Vivaux, mais le glamour et la mode demeurèrent l’apanage de Borély.

Décennie complexe sur le plan économique et politique, les années 1930, furent pourtant celles du plein épanouissement pour l’hippodrome de Borély.

Succès d’affluence, succès d’élégance, les meilleurs chevaux s’y affrontent!

On vient au Grand Prix, parce qu’il est impensable de ne pas en être, tout simplement.

Les mannequins les plus séduisants des plus grandes maisons de couture peuvent y être admirés.

Malgré les restrictions de la seconde guerre mondiale, l’élégance est toujours de mise puisque les dames arborent fièrement leurs petits chapeaux dernier cri parisien! La mode, indissociable des réunions de qualité, semble plus que jamais à sa place à l’hippodrome.  

A l’ère de l’automobile, les défilés adoptent une tout autre allure, puisque mannequins et parisiens paradent à Borély en voitures.

Les purs sangs se voulant alors mécaniques ! Les courses à Borély ont ainsi toujours été l’occasion de voir plus que des chevaux. Dans les années 1960, on fait même appel à des mannequins marseillais pour rejoindre ceux venus de Paris.

Enfin , en 1965 se tient une manifestation originale: le prix des Cavalières où s’affrontent les meilleures femmes jockeys. C’est une première et elle se déroule à Marseille!

La Société sportive de Marseille est en effet la seule de France qui ait inscrit 4 courses pour cavalières à son programme annuel. Notons que c’est seulement depuis 6 ans qu’elles sont autorisées à participer aux courses et les turfistes peuvent parier donc sur leurs chevaux.  

Aujourd’hui, où sont les chapeaux, les fourrures et les plumes? Devenues de purs produits télévisuels, cadrées au ras des chevaux, les courses se déroulent la plupart du temps devant des tribunes vides et dans une atmosphère inexistante. Quelle tristesse!

Il suffirait pourtant de si peu….A Marseille, le cadre n’a guère changé depuis 1860, il y a toujours des réunions ….alors si la mode est, comme on le sait, un éternel recommencement, que revivent les fastes de l’époque, ne serait-ce que pour l’amour du glam et du chic!

Essayons de redonner vie au patrimoine de notre ville en utilisant des lieux prestigieux comme Borély pour rivaliser avec des Prix comme celui de Diane à Paris, nous avons tous les atouts pour le faire et pour que la magie opère à nouveau!

KL