La littérature russe des 19° et 20° siècles jouit d’une immense notoriété dans le monde entier. Par contre, on connaît moins la toute récente affirmation des femmes dans ce domaine.

A l’aube de la journée des droits des femmes, le 8 mars, et en marge du futur dossier consacré à la Russie, nous avons décidé de vous parler des femmes écrivaines russes modernes.

Si la littérature russe a pu s’affirmer après le dégel politique, le phénomène des années 1990, c’est le véritable réveil des femmes. Dans la littérature populaire, elles s’imposent en reines du roman policier. Depuis la perestoika, de nouveaux courants littéraires apparaissent, dont celui très féminin de la tchernoukha ( la représentation noire). Ses auteurs décrivent les réalités douloureuses de la Russie: c’est une réaction aux mensonges qui avaient dominé avant la glasnost dans la littérature officielle. L’écrivain se rend au-delà des représentations convenues pour raconter les traumatismes du pays, la misère, la dureté des relations humaines et du quotidien sont privilégiés. Un courant assez naturaliste en fait.

Autre courant contemporain: les récits de guerre, genre où s’est affirmée notamment la prix Nobel Biélorusse Svetlana Alexievitch, qui rassemble en forme de monologues ou de récits poignants des interviews sur les guerres ou la tragédie de Tchernobyl.

Le roman historique revient encore sur le passé soviétique lourd d’évenements traumatisants.

Les écrivaines russes se distinguent aussi par l’écriture de nouvelles fantastiques, très proche de l’univers fantasy. Le thème de la métempsychose ou celui des fantômes, même si ce sont des motifs partagés dans le monde, renvoient à la quête de spiritualité de la Russie contemporaine.

De plus, ébranlés par l’incertitude après la catastrophe de Tchernobyl, puis l’éclatement de l’URSS, et une politique qui a évolué depuis le début du 21° siècle, vers plus de fermeté, les auteures se tournent vers le genre de l’anticipation.

En poésie, beaucoup d’auteures ont été interdites de publication pendant le régime soviétique, pour des prises de position idéologiques favorables aux régimes occidentaux, et ouvertement critiques à l’égard du communisme.

Mais que nous dit la littérature russe de nos jours? Pour certaines écrivaines, la Russie contemporaine est dominée par une littérature de masse qui véhicule des valeurs traditionnelles d’ordre, de famille, de religion ou d’héroisme national qui s’accompagne d’une nostalgie pour la culture soviétique malgré les tourments qu’elle a engendrés. Il se publie encore des œuvres provocantes victimes des  » jeunesses poutiniennes » ou des groupes extrémistes orthodoxes. Mais la littérature contestataire, comme celle de la prix Nobel, Svetlana Alexievitch, se fait minoritaire, même si elle offre un contre poids salutaire. Il faudrait un vent de révolution inédit pour réveiller la Russie et sa grandeur…

KL