Gisèle Halimi, une certaine Femme

Gisèle Halimi disparait le 28 juillet 2020, à 93 ans.
C’est une grande perte pour la profession d’avocat.
Elle défenseuse acharnée, et engagée par conviction pour la cause des femmes durant toute son existence, ne laisse personne indiffèrent.

Une femme qui participa activement à l’amélioration de la condition féminine en France.

Gisele Halimi est née le 27 juillet 1927 à La Goulette un quartier populaire de Tunis. Fille d’une mere au foyer d’origine sépharade et d’un père clerc de notaire berbère.
Gisele doit se battre très tôt à tous les niveaux face à son père, ses frères, pour affirmer ses droits à l’éducation, à refuser un mariage arrangé alors qu’elle n’a que 15 ans.
A 13 ans  Gisele Halimi s’oppose sérieusement aux règles patriarcales et ancestrales au moyen d’une grève de la faim soutenue.
Elle parvient à faire ses études à Tunis jusqu’au baccalauréat.

Elle est brillante alors que ses frères sont médiocres.

C’est un comble voire une honte, un défi en milieu juif traditionnel d’Afrique du Nord où règne sans partage le patriarcat à cette époque.
Alors Gisele Halimi munie d’une bourse poursuit ses études supérieures en faculté de droit à Paris, aujourd’hui l’Université Panthéon-Sorbonne. Inscrite à sciences Po, elle obtient deux diplômes d’Etat, droit et philosophie. En 1949, retour à Tunis où elle s’inscrit au barreau de la capitale. Elle va défendre des syndicalistes et indépendantistes tunisiens.
Militante pour l’indépendance de la Tunisie et de l’Algérie, avec des positions politiques bien tranchées ce qui va lui valoir des dénigrements parfois violents.

Gisèle Halimi devient un des avocats principaux du FLN algérien.

Une certaine presse la qualifiera de traître à sa patrie et la dénigrera dès que possible.
Puis en 1960 avec le soutien de Simone de Beauvoir et de Pablo Picasso, elle défend Djamila Boupacha, une jeune femme algérienne, militante au FLN, violée et torturée par des soldats français.
Condamnée à mort Djamila est amnistiée au moment des accords d’Evian et libérée en 1962.

Le nom de Gisèle Halimi va être dès lors associé jusqu’au bout à la cause des femmes.

Elle est signataire du fameux Manifeste des 343 femmes qui ont osé déclarer publiquement qu’elles avaient avorté. Elles réclament le droit à l’avortement et le libre accès aux moyens anticonceptionnels ou à la contraception.
Son action atteint son apogée en 1972 lorsqu’elle défend au procès de Bobigny la jeune Marie-Claire, âgée de 16 ans, victime d’un viol et qui a dû recourir à un avortement clandestin.
La relaxe est prononcée, c’est une première et une immense victoire pour les femmes.

La loi Veil sera votée fin 1974 et promulguée début 1975.

Gisèle Halimi va dès lors poursuivre son combat en 1978 notamment devant les Assises d’Aix en Provence en défendant deux autres femmes, son action aboutira à considérer le viol comme un crime, par l’adoption d’une nouvelle loi en 1980.
Elle s’oppose au port du voile islamique dans notre pays et quitte SOS Racisme déçue par les positions de ce mouvement auquel elle reproche de favoriser une attitude identitaire au détriment de la défense des femmes…
Parallèlement, elle devient députée apparentée socialiste de 1981 à 1984, mais ne « trouve pas son compte » dans ce qu’elle nomme le bastion de la misogynie.
François Mitterand qu’elle qualifiera de machiavélique la nomme ambassadrice à l’UNESCO elle n’occupera ces fonctions que d’avril 1985 à septembre 1986.

Elle est une femme libre, rebelle au bon sens du terme et tient à le rester.

Elle rejoint Jean-Pierre Chevènement, lors des élections européennes de 1994, sur la liste du Mouvement des citoyens.
Ce qui caractérise cette Femme moderne un peu comme pour Simone Veil, c’est la droiture, l’engagement, la fidélité, l’éthique, la détermination, les principales qualités pour un être véritable HUMAIN !

Elle va nous manquer dans un paysage politico social totalement « déglingué » où le profit a pris toute la place ou presque !

DA

« Émotion du soir… 22h01, je viens d’apprendre…
Du bout des mots, comme de son épitoge, féminine en diable, brillante, rebelle, intrigante, irrespectueuse, passionnée à outrance, son enfance allait forger son futur.Celui d’une femme qui empreinte de traditions, désira porter haut et fort, de mille et un combats, celui des femmes, de leur reconnaissance en tant qu’être humain à part entière.
Pensantes, décisionnaires, actives, émancipées… corps et âme.
Elle en rallia tant et tant d’autres rebelles ou salopes, comme on eut le mauvais goût de les affubler ; derrière son étendard de Liberté.
Rien ne la et les découragea !
Il fut des temps anciens où « être libre et de bonnes mœurs », impliqué de n’être ni mécréant, ni esclave, ni femme.
Aujourd’hui chère Gisèle vous venez de rejoindre : Maria, Olympe et bien d’autres, qui ouvrirent, chacune à leur époque une part du passage, vers l’horizon d’une reconnaissance de l’Être en lui-même, sans distinction de race, couleur, ou genre. Prônant de nous rendre égaux en droits.
Merci Madame de votre courage, patience, ardeur, pugnacité.
Je ne suis féministe, mais Femme.
Libre, de mes choix… parfois bons, parfois moins judicieux ! Mais Libre, sans tabous, sans détours.
Cela peut coûter cher et même très, trop cher d’un moment d’oubli… à un choix délibéré.
Cela m’a coûté et me coûte souvent cher encore.
J’ai muri, j’ai grandi à l’ombre de la loi Neuwirth, de l’avortement, du planning familial, du droit de vote, comme d’avoir un chéquier ou de choisir un métier… d’Être Majeure et Responsable.
Je ne suis pas persuadée d’une totale égalité, qu’elle soit par nature, cultuelle ou culturelle.
Néanmoins c’est merveilleux de savoir qu’outre nos sexes et genres différents ; nous nous maillons magnifiquement de différences en complémentarités, tout en ayant de part et d’autre voix au chapitre, pour la plupart. Il reste tant à faire chez nous et par-delà le monde.
En d’autres lieux on travaille au progrès de l’humanité du zénith au nadir.
J’aime ces deux points de vue et leur comparaison, différentes et semblables, tout à la fois.De l’ombre vous avez su faire jaillir la Lumiere… Merci Madame pour Nous Toutes et Nous Tous, au nom de votre combat inconditionnel pour la Liberté de nos fondamentaux.
Enfin… Un souhait à votre intention… Que tous les chants berbères et juifs résonnent à l’unisson et vous portent vers les vôtres.
Une étoile brille de plus dans le firmament… La Kahina vous accompagne très certainement…

ZG